J’ai rencontré un homme.
Calmez-vouuuus ! C’est juste un autochtone qui me permet de pratiquer l’espagnol gratuitement.
Je l’ai rencontré quelques semaines avant de partir sur une application pour les expats. Je me dis « chouette ! », j’aurais au moins une personne à rencontrer quand j’arrive. Mais plus je lui parle, plus j’ai des doutes sur…Miguel. Il ne s’appelle pas Miguel mais je change son nom au cas où un jour il apprenne le français, qu’il lise mon blog et comprenne tout (oui parce que c’est sûr que s’il lit cette histoire il ne captera pas du tout que c’est lui dont je parle – LOL).
J’ai des doutes sur Mimi parce qu’il me propose de venir me chercher à l’aéroport, et je trouve ça super cute mais vu tous les articles qu’on m’a envoyés sur la dangerosité de la vie à Quito, je vois le gentil Miguel comme un membre du cartel le plus recherché d’Equateur. Il me demande mon adresse et je deviens parano « mais il veut quoi lui !? » ! Mais bon, comme j’ai tendance à avoir foi en l’humanité, je continue la discussion et lui dit qu’il est super gentil. En espagnol. Sauf que mon espagnol est nul donc au lieu de lui dire qu’il est gentil, je lui ai dit qu’il était joli. Donc Miguel, tout content ! Il me répond que c’est moi la plus belle et à chaque fin de phrase j’ai désormais droit à un adjectif langoureux « linda », « guapa », « preciosa », « bonita » et encore plein de mots qui se terminent en « a » (c’est accessoirement la marque du féminin en espagnol mais ta gueule Sarah). Donc à partir de là, je décide de mettre le hola (haha) et ne réponds pas à Miguel qui me demande ce que je suis en train de faire à 3h du mat. Bon chez lui, c’est plus tôt en fait.
Bref, Miguel en sourdine, j’arrive en Equateur tac tac, et le gars se rappelle à mon bon souvenir. Trop bizarre cette expression, je suis sûr que je l’utilise mal en plus. Il me demande si je suis bien arrivée, et les petites phrases de présentation habituelles. Tout parait normal, sauf que quand je ne lui réponds pas au bout de 2 heures, il me réécrit et repose la même question. Je l’avais bien lu Mimi ta question, juste, je ne la trouvais pas assez pertinente pour avoir envie de répondre. Oui je suis snob à ce point.
Le samedi soir arrive, Miguel m’invite à sortir. J’accepte parce que j’ai vraiment la flemme de cuisiner ce soir. Snob et michto ! Au départ il me propose de sortir de la ville pour aller se promener. Oui bin bien sûr ! Et pourquoi pas me violer au fin fond d’un parking non plus ?? Je le recentre et lui propose un verre en toute amitié. Il accepte. 19h30 en bas de chez moi. Oui j’ai fini par lui donner mon adresse, c’est plus pratique pour venir me chercher ! De toute façon il ne pourra pas rentrer dans l’immeuble, il faut son empreinte pour ouvrir la porte !!! Alors c’est qui qui dit que l’Equateur est dangereux ??
Ensuite, il m’emmène dans un bar trop trop mignon avec vue sur toute la ville, c’est trop beau. Il me fait goûter une spécialité locale chaude à base de rhum, de tequila, de triple sec, de cannelle et de mandarine. Bon Miguel, il faut le dire si tu veux que je sois saoule ! Au final, ça se passe bien, on mange, on parle (tout en espagnol ! je suis pas si nulle !), je me dis que rien ne peut m’arriver, et là, Miguel me prend la main. Bin pourquoi ? Tu en as déjà deux ?
Vous imaginez mon embarras face à la situation. Oui je comprends la vibe vue sur le balcon, scène romantique et tout mais bon franchement, non. La flemme. Lâche ma main mon gars. Et le gars continue à parler « oui moi je suis professeur de communication blablabla » – mon cerveau « oui c’est cool mais lâche ma main frère » – « et donc plus tard je voudrais faire de la politique » – « super ça la politique ! avec tes deux mains ça sera bien suffisant »… bref que faire ? J’ai décidé que je voulais fumer comme ça, voilà, je la récupère ! Mais non, le serveur me dit que c’est interdit de fumer dehors, qu’il faut fumer dedans. PREMIERE FOIS DE MA VIE QUE J’ENTENDS CA ! Vraiment la loi des cartels ici, c’est quelque chose !!
Donc du coup, petite astuce, je mets mes mains dans mes manches, prétextant une petite brise qui nécessite de réchauffer mes mains ailleurs que dans les siennes. Le gars me demande si j’ai froid…oui, oui… pas du tout ! j’ai le poêle du balcon juste derrière moi, ma sueur transperce mon masque. Mais bon, il faut faire des sacrifices quand on ne veut pas donner sa main à des inconnus.
Suite à cet incident, Miguel proposa qu’on bouge ailleurs. On est donc allés visiter le centre historique et c’était très très mignon. Et j’ai bien bien gardé mes mains dans mes poches. Après la visite nocturne, Miguel me demande ce que je veux faire. Franchement, rentrer chez moi. Miguel est très arrangeant et accepte. Il faut quand même que je vous avoue qu’après 4 heures à parler et entendre de l’espagnol, j’ai envie de m’arracher les oreilles et regarder « bienvenue chez les ch’tis » tellement j’en peux plus de l’espagnol !! Non mais ça changera !
Fin de la soirée, retour à mi casa. Petit message de Mimi : bien rentré, bonne nuit guapa. Au fait, tes mains sont super douces.
Ah ! C’est donc ça ! Miguel, 36 ans, testeur de douceur des mains, pour vous servir. Bizarre comme profession pour un membre de cartel.
😂 et ben! Quelle histoire !!
Tu crois que la traduction de Miguel c’est Michel ou Bernard ? J’hésite.
Jean-François, clairement.