Capítulo uno : Le premier buenos dias et les 13 paires de zapatas

« Vous déménagez ?
– Pardon ?
– Vous déménagez ? me demande l’hôtesse chargée de l’enregistrement des bagages à l’aéroport,
– Non je ne déménage pas, mais je pars deux ans.
– Oui donc vous déménagez ! »

Et bin oui ! Bien sûr que je déménage ! Que pouvais-je répondre d’autre !?

Je pars en vacances pour deux ans ? Je vais faire une livraison de chaussures parce qu’on m’a dit que les Equatoriens sont tous petits ?? (c’est de l’humour hein)

Et oui, me voilà avec mes 12 kilos d’excédent de bagage parée à décoller pour un « déménagement » à l’autre bout de chez moi, en Equateur ! Est-ce que si un jour on m’avait dit que j’allais vivre là-bas je l’aurais cru ?! Sûrement que non, mais on ne me l’a pas dit, et de toute façon c’est ce qui est bien avec la vie, c’est qu’elle est incroyable !
Je lance donc un dernier au revoir à papa et maman, prends une photo mentale et me casse de ce pays ! Je prononce mon premier « buenos dias » en rentrant dans l’avion et j’ai envie de pleurer. Je suis trop émue de parler espagnol !!
A moins que l’émotion ne vienne de ma fatigue parce que je n’ai pas trop dormi, ou alors du fait que je parte vivre seule deux ans très loin dans un pays où je ne connais rien ni personne et dont je ne maitrise pas tout à fait la langue (ceci dit mon buenos dias est parfait). Non mais on va rester sur la première idée : je suis trop émue de parler espagnol !!

En vrai, 12 kilos d’excédent bagage ce n’est pas si énorme. Au total j’avais 58 kilos de valise, est-ce que vos vies rentrent dans 58 kilos ?? La dame elle m’a dit qu’elle a vu pire pour des déménagements. Bin bien sûr ! C’est ce que je me tue à expliquer à ma mère qui me dit d’emporter 10 tenues seulement !! Pourquoi ? Why ? Por qué ? Tant que ça rentre, on met tout. Non, 13 paires de chaussures ce n’est pas « trop ». Mes chaussures font partie de mon patrimoine. Si je viens à mourir là maintenant, c’est la seule chose qui a de la valeur que je pourrais léguer. Mes chaussures, et ma montre qui m’a été offerte par le chef de la garde présidentielle palestinienne. Voilà mon héritage. Oui je sais, ça aurait été mieux de mettre un truc plus poétique du style « mes apprentissages sont mon héritage », ou « ma famille et mes amis sont ce que j’ai de plus précieux ». La flemme. Il faut dire la vérité aussi, je ne peux pas vous « léguer » !

Bon, qui chausse du 40 par ici ?? Je vous inscris sur mon testament.

Je conclurai cet article par une citation de moi-même. Si un jour, on vous sort la phrase bateau qu’il ne se passe pas assez de choses dans vos vies pour porter toutes vos chaussures préférées, répondez par cette citation : « crée-toi une vie où tu puisses porter toutes tes belles chaussures » !