Ça fait bizarre de vous raconter un truc qui s’est déjà produit l’année dernière, ça me fait réaliser, d’une part que je suis à Quito (il était temps de le réaliser) et d’autre part, depuis un petit moment maintenant. En effet, rester plus d’un an au même endroit c’est un peu un exploit pour moi !
Et là, c’est cool de savoir un peu les traditions avant qu’on nous les dise. Pour rappel, le 6 décembre marquait cette année la fondation de Quito après son indépendance il y a 488 ans. Pour célébrer ce merveilleux évènement, il y a plusieurs activités culturelles auxquelles se vouer, entre autres : jouer à un jeu de cartes qu’on appelle « 40 – cuarenta », voir des défilés, des concerts en live, boire du canelasso et surtout, la meilleure de toutes, faire des chivas. J’imagine que vous avez maintenant totalement compris mon obsession pour ces discothèques à roulettes, sinon ça veut dire que vous ne prenez pas vraiment la peine de bien lire les articles !! Concentrez-vous !
D’ailleurs, pendant les fêtes de Quito, sur un groupe Facebook réservé aux expats, y’a eu une baston consacrée aux chivas. Y’a un Américain qui venait juste d’arriver et qui a écrit un post très méchant en disant qu’il considérait déménager à nouveau parce que depuis qu’il était là, il se faisait réveiller par des camions-discothèque (oui elles tournent de 10h à 3h pendant les fêtes) et qu’il ne comprenait pas pourquoi c’était légal… du coup, y’a des Equatoriens qui lui ont dit que c’était une tradition et que s’il n’était pas content, il avait qu’à retourner aux States. Après y’a d’autres Américains qui ont pris sa défense et ont dit que les Equatoriens n’avaient rien à faire dans un groupe Facebook d’Expatriés… Bref, les Expats : juste des gens qui ont décidé de déménager pour se plaindre de ce qui va pas chez les autres. Où est-ce qu’on trouve du bon fromage dans ce pays !!!!????
Les festivités commençaient le jeudi 1er décembre. Je voulais vraiment en profiter à fond et faire un maximum de choses parce que je n’avais eu qu’un avant-goût l’année dernière, mais un avant-goût de bon goût, même si mon rêve de faire une chiva n’avait pu être réalisé. Ainsi, jeudi soir, avec un pote on décide d’aller dans un bar où il y avait un concert live. C’était chouette, bonne ambiance, bonne pizza et premier canelasso, que demande le peuple ?? Seul hic : mon pote était complètement bourré. Il venait de faire justement une chiva avec ces collègues (ouais toutes les entreprises organisent des chivas pour leurs employés ici, beaucoup plus intéressant que les soirées de Noël), et il était beaucoup trop bavard. Il m’a dit « je te promets que cette année on va faire une chiva », ce qui littéralement veut dire qu’il veut mettre des paillettes dans ma vie. Or, ce que j’aurais dû comprendre en vrai, c’est : « je ne sais absolument pas ce que je dis et je ne vais rien me rappeler demain, donc ne prends pas du tout compte de mes promesses. » Bien évidemment, mon cerveau totalement naïf décidait d’oublier cette traduction.
Le vendredi, je me fais réveiller par la Macarena. J’accepte ce réveil insolite digne de vacances en camping dans les années 80 parce que je suis dans un esprit de fête. Je retrouve un autre pote, Carlos, avec qui on doit aller voir le défilé qui est censé se produire sur l’Avenue Amazonas. Etant donné que celle-ci fait 7 kilomètres, ce n’est pas exactement très précis et on n’est pas trop d’accord sur la direction à prendre. Je décide de le suivre et de me taire vu qu’on m’a récemment reproché d’être autoritaire. Carlos me fait tourner en rond jusqu’à ce qu’on trouve des policiers qui nous disent que le défilé est demain. Euuuuh…oups. Je risque d’être éliminée de l’élection de la reine de l’organisation moi. On va finalement au centre historique où il y a un énorme concert qu’on évite parce que les bains de foule je suis trop vieille pour ça. Alors on se balade et on bouffe un peu de tout, Carlos s’est transformé en guide culinaire : « quoi tu n’as jamais goûté ça ??? attends je te fais goûter ». Après les cafés gourmands, voici les goûters itinérants. On mange une espèce de pâte de fruit, une espèce de nougat et des bugnes équatoriennes !! Trop bon ! On se sent comme à un marché de Noël, sauf qu’il fait 20 degrés (m’en voulez-pas ok ?!). Après, on doit rentrer et c’est à ce moment-là qu’on tombe sur le défilé !! Personne n’a les mêmes infos dans ce pays. Le défilé est très décevant, c’est juste 50 collèges de Quito qui font défiler leurs étudiants avec des manches à balai qu’ils font tourner dans tous les sens. Malheureusement, il faut attendre 30 minutes pour traverser la route au risque de se prendre un manche en pleine face. C’est le karma qui me punit de m’être moquée des collégiens.
Le soir, avec une pote on va en boîte. On met 30 min pour aller à un truc à 9 min et pour cause, on n’est pas les seuls à avoir l’esprit de fête. Je n’ai jamais vu Quito avec autant de gens dans la rue, on dirait les rues de France après la victoire des Bleus (je ne parle pas de cette année du coup). Ça fait plaisir !! Cependant, les alcooliques sont aussi de sortie. Ça ne fait pas plaisir ! Les Equatoriens normalement super timides, se sentent plus sûrs d’eux. Y’a un certain Jonatan qui me tient la jambe depuis 10 minutes et qui m’a déjà demandé 4 fois si j’aimais l’Equateur. Ecouuuute bah à la base, j’aimais bien hein…là bon. Un peu moins… On finit finalement par changer de boîte, après qu’ils ont fait venir une fanfare qui a joué tous les fameux tubes équatoriens. C’est amusant mais s’il n’y a plus de place pour danser, à quoi ça sert d’aller en discothèque ??
Samedi, on est là, toujours fraiches ! Avec mon pote bourré de jeudi, on va à un concours de « 40 ». C’est comme un concours de belote, mais avec un autre jeu du coup. J’ai oublié les règles parce que je n’ai pas joué depuis juin, mais nos concurrents sont super cools, ils me laissent demander à mon pote quelle carte je dois jouer. Limite, je peux lui montrer mes cartes. Mon pote me fait des grands sourires et pouces en l’air, pourtant, j’ai quand même compris comment compter les points et je vois bien qu’on perd comme des gros losers. La preuve : on est éliminés dès la première manche.
« On fait quoi maintenant ?
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On va à une chiva, comme promis ??
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J’en ai déjà fait 3, j’ai plus envie.
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Ok »
Ce fut mon « ok » le plus amer de la Terre. Monsieur décida donc de rentrer chez lui et moi, je suis allée voir d’autres gens plus funs et moins mythos. Ils étaient en train de jouer à « je n’ai jamais… » comme mes étudiants en France. Oh non, pas ce jeuuuu !!! J’essaie de les motiver à aller danser mais ils ont faim : on se retrouve à 4h du matin à Burger King, ce qui doit aussi être une tradition équatorienne vu que le truc est plein.
Dimanche, gros repos hein. On ne va pas se mentir, trois soirs de fête c’est plus de mon âge. Ce n’est pour autant pas la fin des fêtes de Quito, alors le lundi, je remets ça. Un pote américain est disposé à sortir et il n’est absolument pas informé des us et coutumes. Je lui fais donc boire du canelasso, et une fois qu’il est bien chaud, je le cuisine (non mon pote n’est pas une cuisse de poulet) pour aller faire une chiva !! Il parait qu’il y a un parking d’où elles démarrent toutes et y’a juste à payer et monter à bord. Comme je suis amnésique, j’ai totalement oublié où est ce fucking parking. On va à deux endroits différents, sans succès. Quelle idiote !!
Mardi, c’est le dernier jour des fêtes et donc le dernier espoir. Les gars de samedi me disent qu’on va faire une chiva à 22h. Quoiiiii ??? j’ai bien entendu mon mot préféré du monde entier ??? Okay !!! Je me prépare mais je reste prudente, les promesses équatoriennes tombent souvent à l’eau. Les gars arrivent bien ! On va sur le fameux parking (ah oui il est là !!!!) et on monte dans une chiva ouaiiiiiiiiis je suis trop contente !! Les gars sont tellement surpris de mon enthousiasme exagéré, qu’ils m’emmènent directement ensuite faire une deuxième !! Wouhouuuuu ! On tourne dans la ville en dansant et en essayant de ne pas renverser son verre : le but d’une vie. On rencontre une famille d’Equatoriens dont l’oncle parle français car il vit à Paris et tient absolument à me raconter sa vie. Mec, tu ne vois pas que je m’éclate là ??? On parlera plus tard…ou jamais !! C’est l’anniversaire de sa nièce et c’est la première fois qu’elle fait une chiva…30 ans sans vivre cette divine tradition, quel temps perdu. Son frère me fait rire parce qu’il nous fait tous boire un par un dans son verre, et après je le vois mettre son masque quand on part. C’est sûr que l’alcool de sucre de canne ne risque pas de nous avoir contaminé ! Après, on veut faire une troisième chiva mais c’est fini ! Snif snif. Je crois que j’ai tellement saoulé les gars qu’ils doivent se dire « on va lui faire faire une overdose de chiva comme ça elle ne nous redemandera plus jamais ». Ensuite, des jeunes saltimbanques font péter le son de leurs voitures et on danse dans la rue comme de pauvres intermittents du spectacle. Les flics débarquent et c’est ainsi que la fête finit ! Trop triste.
Le lendemain, mercredi, j’ouvre mon horoscope : « tu fatigues tout le monde ». Ok, le message est clair. Je vais donc me coucher jusqu’au week-end prochain XD. En plus, je suis tombée malade parce que même mon corps ne me supportait plus. Je m’en fous, j’ai quand même fait tout ce que je voulais et j’ai décrété que les fêtes de Quito sont mes nouvelles fêtes préférées du monde entier !!
PS : non ce n’est pas vrai, les meilleures fêtes du monde c’est la vogue de St Sauveur en Rue quand tu es conscrit. Dommage que personne n’ait jamais fait d’article sur ça d’ailleurs !