Dios mio ! J’ai l’impression que c’était il y a deux semaines que je faisais mon article bilan sur mes 6 mois en Equateur. Il est temps de faire un autre bilan à un an :
- Je suis fatiguée. Je vais prendre une année sabbatique, mais seulement pour dormir, hiberner…
- J’ai commencé à faire beaucoup de choses seule : aller à un concert, au cinéma, au bar, partir en vacances, prendre des cours de danse particuliers, des leçons de conduite,… Vous me direz « bichette Sarah, t’as pas d’amis ? », je vous répondrai « c’est faux, j’en ai (2) ». Mais le plus important n’est-il pas d’apprendre à se connaitre soi-même et d’apprendre à savourer sa propre compagnie ? Ça pourrait me servir à la maison de retraite, quand mon ingrate de fille Macarena arrêtera de venir me voir parce qu’elle sera trop occupée…
- Bin je me suis rendue compte que les Equatoriens n’étaient pas si féroces que ça parce que quand j’étais au bar, et même au concert, absolument PERSONNE n’est venu me parler ou m’embêter. J’aurais été une table, j’aurais été beaucoup plus intéressante pour eux. On notera donc que ce n’est pas dans leur culture d’aborder des gens seuls, ni dans la mienne d’aborder des gens en groupe. Donc c’est sympa de se sentir en sécurité, mais qu’est-ce qu’on se fait chier.
- En parlant de sécurité, si, quand même, c’est dangereux. L’autre soir, j’étais avec un pote et on attendait le Uber pour rentrer chez nous. Et là, il y a un fou qui est sorti de nulle part et qui a sauté sur mon pote en criant « je vais te tuer, je vais te tuer ! ». Il avait un couteau, mon pote m’a dit après que c’était un faux mais je ne sais pas s’il a dit ça pour me rassurer ou si le fou a vraiment sorti une fausse arme blanche de sa dinette. Bref, pendant qu’ils se battaient, il y a un collègue au fou qui est venu et qui a pris le portable de mon pote. Moi, personne m’a calculé. C’est vraiment des gentlemen ces Equatoriens. J’essayais de pousser le fou mais comme j’avais peur je le poussais qu’avec deux doigts donc je ne pense pas qu’il est senti la pression… et après je criais « police, police ! laisse-le sale brigand ! », du coup il est parti – à moins que ce soit parce que mon pote est militaire et qu’il a failli lui briser les couilles, dans le sens physique du terme. N’ayant pas récolté son témoignage, on ne saura jamais pourquoi le fou a fui. Mais l’histoire ne s’arrête pas là ! Après ça, y’a un gars qui vient nous voir pour savoir ce qui s’est passé, on croyait que c’était un bon samaritain mais c’était un autre voleur et il a arraché le collier en or de mon pote et il s’est cassé lui aussi ! Après on monte vite dans une voiture pensant que c’est notre Uber, et en fait ce n’était pas notre Uber, c’était un gars lambda qui s’est improvisé taxi !! Cette soirée commence à ressembler à un film. Du coup, pour éviter le kidnapping, j’envoie un vocal à un collègue en espagnol : « OUAIS SALUT CHERI DANS 5 MINUTES JE SUIS CHEZ TOI JE SUIS ACTUELLEMENT DANS LA VOITURE GRISE IMMATRICULEE GNAGNAGNA, SI JAMAIS JE N’ARRIVE PAS SACHE QUE LE CHAUFFEUR RESSEMBLE A BLABLABLA ET JE SUIS TOUJOURS AVEC MON POTE QUI FAIT 2M POUR 90 KILOS, QUI TRAVAILLE DANS L’ARMEE ET QUI A UN MASTER EN UPPERCUT. BISOUS LOVE ». Et ouf. Me voilà saine et sauve dans ma maison avec toutes mes affaires.
Note à moi-même : ne jamais attendre un Uber dehors.
- Cette aventure m’est arrivée au centre historique de Quito, mon endroit jusque-là préféré. Bin je commence à croire que c’est aussi un endroit maudit. Il y a plus d’un mois, un pote m’invite à sortir là-bas. J’arrive presqu’à l’heure au lieu du rendez-vous, le gars n’est pas là et ne me répond pas. Râteau géant. Le lendemain, je lui demande s’il est mort. Il me répond « non mais je me suis fait mal hier au foot, je ne pouvais plus marcher ». Et écrire non plus apparemment. Deux semaines après, je dois retrouver un autre pote dans le même quartier. On a rendez-vous à 19h. 19h15 il n’est pas là. Il me dit qu’il sera là dans 10 minutes. 19h30, toujours pas là. Le gars se fout de moi.
Vous sentez cette petite brise ?! Parce qu’on dirait que j’ai traversé un océan pour me prendre des vents… Si au lieu de me prendre des râteaux, je me serais pris des baffes, il me faudrait une greffe des deux joues à l’aube de mes 31 ans.
19h45, je lui dis que je me casse. Il m’envoie une photo de son pare-brise pour me dire qu’il est en route. Je lui envoie une photo de mon chauffeur Uber pour lui montrer que lui au moins, il est à l’heure.
- En fait en écrivant ces lignes, je me dis que ce n’est pas le centre historique qui est maudit, c’est ma capacité à choisir « mes potes » !
- On a testé un truc trop cool avec un (vrai) ami : des cours de peinture avec un verre de vin offert. Super concept. On y est allés le jour où il fallait reproduire « La Nuit Etoilée » de Van Gogh. Bin pas facile, on était vachement nuls. Voilà, c’est tout.
- Pour une fois après des mois d’enseignement dans ce pays étrange, un étudiant m’invite à passer la journée avec lui pour découvrir un endroit trop beau dans la nature. Je me dis « chouette ! enfin quelqu’un qui veut m’aider à découvrir son pays sans rien attendre en retour. » En Palestine, chaque week-end un étudiant m’invitait à passer deux jours chez lui et le plus intime auquel ils ont été c’est me demander ma couleur préférée. Ouais bin les latinos ce ne sont pas des Palestiniens. Après 1h30 de marche en pleine nature, je me prends en selfie devant une cascade et le mec déboule et essaie de me galocher. Non mais à quelle heure dire « oui, je veux passer une journée avec toi » ça veut dire « oui, restons ensemble toute la nuit, toute la vie… » ? Il a craqué le gars. Le pire c’est qu’il a tenté son approche dès le matin, il aurait pu attendre un peu, je ne sais pas. Du coup on a passé une journée super bizarre où il devait faire mine de pas être déçu et moi de faire comme si je n’avais rien compris. Mais bon, c’était cool après on a fait de la tyrolienne et on a visité une fabrique de chocolats, à 2m de distance. Faisons attention à nous.
- Comme je le disais, j’ai pris des cours particuliers de danse parce que je n’avais jamais le temps d’aller aux cours en groupe, et que franchement c’est sympa mais les mecs sont nuls je n’apprends rien. Donc j’ai pris des cours en solo avec mon prof Orlando, un gay comme ça on reste tous calmes, et bin j’ai progressé à une allure fulgurante. Même que maintenant, je sors à la discothèque de salsa et de bachata toute seule, et la dernière fois y’a un gars qui m’a dit que je dansais comme une latina. Franchement j’avais les larmes aux yeux ! A 2 doigts de faire une fête.
- On a eu un jour férié mi-octobre, je suis allée sur une montagne avec une super belle vue dans un hôtel quatre étoiles et je n’ai rien fait. Mais je l’ai bien fait. La montagne s’appelle Pululua, on ne dirait pas le titre d’une chanson de rap franchement ?
- Avec mon collègue avec qui j’ai accompagné les étudiants en France, on est en pleine cure de thérapie pour se remettre de ce voyage épique. Notre solution : faire la fête jusqu’à très tôt le matin. Mais à la base ce n’était pas prévu ! La première fois, on était dans un super bar et alors qu’on cherchait comment rentrer chez nous, on s’est retrouvés dans un after avec des inconnus. Je pensais que mon collègue savait ce qu’il faisait parce qu’il avait l’air normal, jusqu’à ce que je le voie essayer d’allumer une clope avec mon gloss. Après il me regarde sérieusement « Sarah, ça marche paaaaaaaaas ! ». Bon j’ai compris, on rentre. La semaine d’après, pareil on était dans l’ascenseur pour descendre du rooftop et les gens qui étaient avec nous dans l’ascenseur nous invitent chez eux. Nous, étant jeunes et cons, on dit oui forcément. Ils n’avaient pas la tête de voleur avec des couteux de dinette. C’est comme ça qu’on s’est retrouvés dans leur énorme appartement dans l’immeuble le plus luxueux de Quito et on a même fini par faire un débrief dans leurs chiottes : « Sarah on fout quoi là ? – Je ne sais pas mais regarde avec quoi on s’essuie les mains aux WC – Avec quoi ? – Des serviettes Lacoste !! ». Quand on a vu qu’ils avaient aussi un frigo juste pour faire des glaçons, on a réalisé qu’on n’était décidément pas de leur monde et on est rentrés avec nos potes de l’after de la semaine d’avant. Enfin… « potes », c’est un bien grand mot en vrai.
- J’ai pas de conclusion.
Je me sentirai en sécurité pour nos prochaines sorties. Je me dis, quoiqu’il nous arrive. Tu l’auras vécu et tu trouveras une parade pour nous sortir d’une situation délicate.
Oui enfin malgré que j’aie déjà vécu ces situations, on voit pas vraiment la pertinence de chacune de mes réactions mais bon… je me ris du danger mouahaha !!
Tu as une propension à la sociabilité qui est impressionnante ! Tu es un caméléon ❤️
je suis plus camé que léon mais bon merci 🙂