Après mes vacances en Amazonie, j’ai un peu pris la confiance sur mon niveau en espagnol. Tout ça parce que j’ai simplement appris le nom des animaux en espagnol et que j’ai eu une conversation de 2h avec le guide. Du coup, la meuf s’emballe !! Retour à Quito, je me demande : « bon maintenant que je parle espagnol, quel est le prochain rêve à réaliser sur ma liste de choses à faire avant de mourir ?? ». La réponse est dans le titre : apprendre à conduire une moto !
Comme beaucoup de mecs que je rencontre ici savent en faire, je me dis que ça ne doit pas être bien compliqué. Un pote me donne l’adresse d’une école de motos donc je m’y rends. Les documents à réunir pour m’inscrire ne me demandent pas trop de préparation : le passeport, le visa, deux photos, la carte avec son groupe sanguin – à faire faire en 10 minutes à la Croix Rouge – et…le bac. Je demande à quoi ça sert d’avoir le bac pour conduire ??? On me répond que les gens qui n’ont pas le bac ils font n’importe quoi dans la rue !!! Depuis quand le bac est un signe d’intelligence automobile ?? Tu peux aussi passer le code et comme ça tu sais conduire non ?! Bref, ne remettons pas en question les prérogatives de l’administration équatorienne. Ma SuperMaman est là pour retrouver mon bac et m’envoyer une photo. Cela ne suffit pas à m’inscrire : mon bac doit être apostillé par le Ministère de l’Education. C’est une blague ?? Non. Je me rends donc à ce fameux ministère, on me dit que ce n’est pas valable parce qu’il faut le bac original. COMME SI JE VOYAGEAIS AVEC MON BAC !! J’ai traversé un océan pour bosser à l’étranger, dans une langue qui n’est pas la mienne, mais faut encore que je prouve que je ne suis pas débile à travers mon bac ! Je vois mon rêve réduit à néant, jusqu’à ce que j’apprenne une information que l’auto-école concilie à me donner (ils aiment bien me donner les infos au compte-gouttes, c’est épuisant) : le bac est nécessaire pour passer le permis mais pas pour prendre les cours. Bon bin voilà ! De toute façon, je n’ai pas besoin de passer le permis ici : d’une part, on peut rouler à moto avec notre permis voiture pour les petites motos, d’autre part, pour les grosses, si on m’arrête pour me demander mon permis, j’ai qu’à chialer devant le policier, dire qu’on m’a volé mes affaires et glissé un petit billet ! Vive la corruption ! En plus, on m’a dit qu’ils n’arrêtaient pas les meufs au volant. Et je ne suis même pas sûre que le permis équatorien soit valable en France… Bref, ils finissent par accepter que je prenne juste des leçons de conduite, j’ai juste à payer, mais ici une leçon ça coûte que 12 dollars, pas cher !
Quelques jours avant le début des cours, je suis prise de panique. J’étais en cours avec mes étudiants et il y en a une qui me demande ce que veut dire « démarrage ». Et là, je me rends compte que je ne sais pas dire ce mot en espagnol. Après, je dois prendre le taxi et je voulais lui demander de m’arrêter au feu rouge, bin je me suis aperçue que je ne savais pas dire « feu rouge ». Du coup, je panique parce que je me dis : « comment tu vas apprendre à conduire une moto en espagnol si tu ne sais pas dire démarrage et feu rouge ??? » ! Aux grands mots, les ‘grands remèdes’ : la veille du début des cours, j’apprends tout le vocabulaire qui me semble utile ! Et en effet, cela me sera très utile.
Premier jour, début des cours. Notre instructeur Oscar nous montre les trucs importants à savoir sur la moto. Super, je comprends. Après, il veut qu’on apprenne à « connaitre notre moto », par cela il veut dire apprendre que ça pèse une tonne. L’exercice est de faire des aller-retours en poussant la moto. Génial. Je ne savais pas que c’était une cure d’amincissement en même temps. Puis il nous apprend à démarrer la moto, à rouler en première et à freiner. Je lui demande de répéter quarante fois, pas parce que je ne comprends pas mais parce que j’aime bien être sûre. Il y a une fille et deux autres gars avec moi, ils me regardent tous comme si j’étais débile. La fille est gentille, elle essaie même de traduire en anglais. Non mais j’ai compriiiiiiiis ! Je veux juste être sûre !! Un collègue des Ressources Humaines m’avait dit ça une fois : « Sarah tu donnes vraiment l’impression d’être idiote avec toutes tes questions, mais avec le temps on comprend juste que tu es minutieuse. » Exactement. Tout moi. Bref, au final, je démarre, je roule et je freine. J’y arrive ! Je suis excitée comme une pute, j’ai même envie de me lancer dans le sport motomobile, faire des courses et tout…je viens de me découvrir un don.
Jour 2, ma carrière est annulée. Je suis blessée : j’ai une ampoule au pouce. En plus, on change d’instructeur, c’est maintenant une femme et elle est méchante. Non enfin, elle est dure quoi, elle me demande comment on met la moto au point mort ! Biiiin j’en sais rien, c’est à toi de me dire non ? Elle nous explique et après, on doit faire le même exercice pendant 2 heures : slalomer entre les cônes. Je m’ennuie. J’ai envie de faire des trucs un peu foufous. Je teste des trucs. Je cale. OK, je vais me calmer ! Je veux faire tout le contraire du truc et éclater tous les cônes, mais vu que la prof reste assise toute la journée à manger son yaourt et regarder son tél, ça va être à moi de les ramasser. La flemme.
Jour 3, la prof nous apprend à changer de vitesse et veut qu’on fasse des tours de la cour en passant d’une vitesse à une autre. Je suis en panique totale. Mais comme je suis super fière, évidemment je ne vais pas le montrer, et je ne vais pas lui demander de répéter. Je vais aux toilettes me répéter le processus dans ma tête, le traduire en français et illico Macias, je file sur ma moto, regardant droit dans les yeux la prof, du genre : « i will kill it bitch ! ». Elle me regarde à son tour…
« Sarah…tu n’as pas oublié quelque chose ?
– Quoi ?
QUOI ?
JE N’AI PAS DE LEÇON A RECEVOIR D’UNE FEMME QUI MANGE DES YAOURTS A LONGUEUR DE JOURNEE OK ?!! »
– ton casque et tes gants. »
Merde. Ma fierté vient de décéder. Ok, je me calme. Encore.
Finalement je gère également le changement de vitesse, je suis plutôt fière de moi, puis j’apprends que vendredi, on va avoir un examen pour valider nos connaissances de la semaine. Encore une info qu’aurait pu me donner l’école de conduite. Breeeef. Je me dis de ne pas me mettre la pression (et franchement c’est souvent comme ça qu’on se met la pression). A chaque jour suffit sa peine !
Jour 4, on doit carrément faire un circuit ! Il y a des slaloms à faire, des changements de vitesse et des arrêts d’urgence. Voilà les trucs foufous que j’attendais ! Je kiffe de fou ! Et je gère, y’a un gars qui me dit en espagnol « ya le dominas », genre je domine le monde quoi. Je l’ai dominé, jusqu’au moment où j’ai démarré avec la pédale… OUPS !! En fait, le travail de la prof c’est de nous expliquer l’exercice, puis elle s’asseoit pendant 2 heures, mange et regarde son tél. Pas mal comme taf, comme les profs d’EPS au collège ! Finalement, elle a vu qu’on gérait l’exercice et nous invite à parler avec elle pour les 15 minutes restantes. Chouette. Ils se sont mis à parler de tous les gens qu’ils connaissaient qui ont eu de graves accidents de motos et qui sont devenus paraplégiques. C’est cool, c’est exactement ce que j’avais besoin de savoir un jour avant l’examen.
Jour 5, je suis stressée comme si j’allais passer le bac. Quelle ironie (c’est pas vrai, j’étais même pas stressée en plus). La prof a amené sa fille de 13 ans qui parle beaucoup trop. Avant de faire l’examen, on doit s’entrainer pendant une heure, sur le même exercice qu’hier avec un exercice de déviation en plus. C’est super difficile et à chaque fois, j’envoie valser les cônes. Et à chaque fois…la fille de la prof vient me voir pour me dire que je ne vais pas réussir l’examen, que je vais devoir aller au cours de rattrapage et que je n’avais qu’à écouter sa mère. Mais elle est venue pour stresser les gens elle ou quoi ? J’ai envie de lui dire de demander à sa mère de mettre le cul sur une moto et de nous montrer vraiment comment faire, au lieu de mimer l’exercice ! Puis, je m’attends à ce qu’on passe un par un sur le circuit et que la prof nous observe et nous mette une note après son 14e yaourt, mais finalement elle nous dit d’éteindre nos motos et nous dit qu’on a réussi. Ok ! Facile, ça ne valait pas tout ce stress.
Conclusion : Franchement, je m’attendais à faire vachement plus de trucs, par exemple à aller dans la rue – je ne sais pas, au moins jusqu’au feu rouge pour que ce mot puisse me servir -, à aller plus vite, à faire des démarrages en côte, etc. Donc, je suis un peu surprise que les Equatoriens passent le permis directement après ce cours mais cela me permet de mieux comprendre le comportement des Equatoriens sur la route ! Et pourtant ils sont tous censés avoir le bac !! Cependant, après un peu de pratique personnelle dans les rues de Quito, je pense que ça devrait aller mais je reprendrai des cours en France quand même. En tout cas, j’ai réussi à apprendre les bases pour conduire une moto dans une langue que je maîtrise depuis 4 semaines, et pour ça, je suis vachement fière !
T’es au top Johnny !
Mes respects !!
°voix rauque° « de rien poupée »
et bien félicitations
cela ne sert à rien de se mettre la rate au cour bouillon….
Papa doit être fière de sa fifille, à quand le retour pour de superbes ballades en moto avec ton papounet ?
Sinon, à un moment donner tu écris fière comme une pute …..???? ne serais ce pas fière comme une puce plutôt, c’est plus poétique et mignon.
Autrement ici tout le monde va bien, nous profitons de l’été de la Saint Martin, trop bien et du retour du vilain petit virus, moins bien et en prime de la pénurie de l’essence et de la hausse des prix.
Il faut rester optimiste si le plein ne peut pas se faire et bien nous resterons au chaud chez nous et nous nous nourisserons de mère Nature avec ses châtaignes, ses noix et autres nourritures que l’automne nous amène (champignons, pommes, carottes ect).et surtout patates.
Bon continue bien tes aventures et prend soin de toi bisous
Merci tata Gigi !! C’est vrai que l’automne c’est joli et je rêve de crème de marrons ! Oui j’espère faire des balades à moto mais il faudra déjà que j’ai le permis en France, et ça, c’est plus dur que le bac !! Bisous