Capítulo veintitres : Coup de foudre en Amazonie

Depuis que je suis revenue de France, tous mes collègues me posent la même question: « alors, c’était bien tes vacances ? » J’ai envie de les défenestrer. Lis les chapitres précédents et dis-moi à quelle heure c’étaient des vacances ?? Oui, le 21, à 17h28 c’était pas mal, j’ai mangé une glace.

Mais enfin, mes vraies vacances sont arrivées. La dernière fois, c’était aux Galapagos. Souhaitant continuer sur ma lancée de découvrir l’Equateur, je cherche une région que je n’ai pas visité. L’Equateur est divisé en 4 grandes régions : la côte, les îles Galapagos, les montagnes et l’Amazonie. Vu que j’ai déjà exploré les deux premières et que ce n’est pas du tout mon style d’escalader une montagne pendant 5h30, dans le froid et la douleur, pour au final voir du brouillard, mon choix se porte alors naturellement sur l’Amazonie.

Une amie m’a parlé d’un lodge sympa, avec des activités funs, de la bonne bouffe et du temps libre, tout ce qu’il me faut. Je décide de partir seule. On est assez nombreux dans ma tête pour que je n’ai besoin de personne, et mes dernières vacances en groupe ont prouvé à quel point je suis insupportable. Je vais faire un voyage « ressourçant » comme on dit. En plus, il n’y a pas de Wifi là-bas. A moi la déconnexion totale !!

Samedi 3 septembre, 23h. C’est parti pour 11h30 de bus. Je pourrais prendre un avion pour la France que ce serait pareil ! La preuve, on nous donne même un petit plaid pour faire dodo.

Dimanche 4, on arrive à 10h30. Des guides nous attendent pour nous amener au lodge. Il y a plusieurs groupes : des Allemands jeunes qui ne parlent pas et un couple de Français retraités qui posent beaucoup trop de questions dès le matin. Pourvu que je sois dans le premier groupe !!! Et ouf ! Oui ! Dieu m’aime. Adios les boloss.

Il nous reste encore 2h30 de pirogue pour arriver au lodge. On embarque les 2 Allemands, un couple de Sud-Africain et Hollandais et moi et en route pour la rivière qui rejoint le fleuve Amazonie. Déjà, on voit plein d’animaux que je n’ai jamais vu, même pas au Safari de Peaugres : des singes-clowns, des oiseaux de toutes les couleurs, des papillons bleus et même un paresseux ! C’est fou tous les animaux que l’Univers s’est donné la peine de créer. Mais franchement, ils ne devaient plus avoir d’inspiration pour le paresseux : « bon les gars, il est 16h53 et il nous reste 7min pour créer le dernier animal, on fait quoi ?! – Venez, on crée un animal qui ne ressemble ni à un singe, ni à un raton-laveur, ni moche, ni beau, mais qui puisse escalader et se balader en faisant tout à la vitesse d’un escargot !!!! – … – ??? – Allez, ça passe. » Et ainsi naquit le paresseux. Vous saviez qu’il pouvait nager ? Le guide m’a montré une vidéo d’un paresseux qui nage, ça vaut mille fois les vidéos de petits chats !

On arrive au lodge. Un petit havre de paix au milieu de nulle part. Carlos nous accueille avec un jus de « maracuya » (fruit de la passion). Je l’aime trop. Carlos ou le jus ? Vous ne le saurez jamais mouahhahahha…

On commence par manger. On retrouve un autre groupe de touristes parmi lesquels il y a un Allemand que reconnait un de mes Allemands ! Décidément, le monde des touristes est petit. C’est un Allemand-Marocain dont je tombe – pas immédiatement mais rapidement quand même- amoureuse. Quand je lui dis que je suis française, il me répond très sérieusement : « oui oui, je m’appelle baguette ». Purée il m’en faut peu ! L’ambiance est très auberge espagnole et je comprends vite que je ne serai pas en déconnexion totale comme prévu. Pas grave, je suis une femme tolérante et ouverte. LOL.

Je suis un peu déçue par la chambre en revanche. C’est genre une maison traditionnelle compartimentée en chambres, donc les murs n’atteignent pas le plafond… niveau intimité, on n’est pas au top quoi. Disons que j’entends mes voisins parler, ronfler, péter…une vie glamour en pleine Amazonie. Cependant, cela ne m’empêchera pas de faire la sieste de mes rêves.

16h30. Notre grand groupe de joyeux lurons se rend à la grande lagune en pirogue à moteur. Il y a une bonne ambiance et pour cause, on a tous à peu près le même âge, et bien évidemment on est en vacances donc de bonne humeur. La plupart sont là pour faire le tour de l’Amérique du Sud, ils respirent la vie et se posent tous les mêmes questions : « tu as fait combien de pays ? lesquels ? tu es arrivé quand et tu repars quand ?? ». Leur voyage semble être une liste à cocher de destinations. Mais bref, les hommes se baignent – voilà que ce voyage devient très intéressant – et j’en profite pour mater mon nouvel amoureux. Ah oui, et la nature est belle aussi. Que demande le peuple ?! De l’anti-moustiques en fait. Evidemment, j’ai pensé à aller en acheter trois heures avant mon départ et la pharmacie du coin n’en avait plus. Cependant, la pharmacienne pleine de bonne volonté me dit d’acheter une crème pour le corps et de rajouter dedans une ampoule de vitamines B2, dont les moustiques détestent l’odeur. La flemme m’empêchant de prendre la décision d’aller à une autre pharmacie, je décide de suivre les conseils de cette autochtone et sentirais donc le Tuc au bacon pendant tout mon séjour. Génial. C’est mon Tuc préféré en plus.

Le soir, on fête l’anniversaire d’une Equatorienne, venue faire visiter son pays à un son petit-ami, un Français. Il était là lui ? Je le remarque seulement après m’avoir proposé du vin. Il me dit qu’ils se sont rencontrés sur une application de rencontres pour voir des gens de partout dans le monde. POURQUOI je ne connais pas encore cette appli ?! Enfin, plus besoin maintenant, l’Allemand-marocain et moi on va se marier et on s’aimera pour toujouuuuuuurs !!!!!! Je dois juste me rappeler son prénom (non, évidemment que ce n’est pas « baguette » !). En tout cas, le lendemain, ses potes sont partis donc je peux enfin lui parler seule à seule. Notre première activité était à 6h30. Ma pote m’avait prévenu et je m’étais déjà dit que je n’allais pas faire ces activités-là mais que voulez-vous, je suis prête à tout par amour ! Le pire, c’est que je ne peux même pas vous raconter exactement ce qu’on a fait, je n’étais pas réveillée. Mais après le petit-déj, je m’en rappelle : on a fait de la pirogue pendant 3h et il fallait pagayer. C’était très long, c’est pour ça que je m’en souviens. Le but de pagayer, bin déjà c’est occuper les touristes, et aussi de pouvoir voir mieux les animaux. On a vu plein d’oiseaux rigolos, comme le toucan ! Petite minute culturelle : si le toucan chante le matin, il va pleuvoir ! Voilà. Si jamais ça peut vous servir. On a vu aussi un bébé caïman et un serpent qui faisait le bruit d’une vache !!! Si, c’est vrai !! Le groupe de touristes avant nous, ils ont vu un anaconda de 4 mètres manger un caïman de 2 mètres, c’est ça qu’on veut voir nous, aussi ! Mais les anacondas mangent que 4 fois par an, c’est con.

Donc on pagaie, on pagaie… Je pagaie à côté de mon crush et oublie mes courbatures du bras gauche. Je m’essaie à des tentatives de séduction mais j’ai les techniques de drague d’un enfant de 3 ans :

« Tu crois que les papillons ils ont des papillons dans le ventre ? »

Merde, j’ai vraiment dit ça ?

« Ou ils disent qu’ils ont des humains dans le ventre ?!! »

Sarah ferme ta gueule pour voir ?!?! Ah oui. C’est mieux.

Après la sieste de l’aprèm, on va se promener dans la forêt pour chercher des insectes et des araignées et des grenouilles. Je croyais que les grenouilles étaient les femelles des crapauds, bah pas du tout ! J’en apprends des choses !! Parce que les femelles des crapauds c’est les princeeeeeesses. Vous ne voulez pas me dire de me la fermer ????!!!

Puis c’est l’heure du dîner et l’Hollandaise me saoule avec ses questions : « donc presque chaque année tu changes de pays ? et tu recommences à zéro c’est ça ? mais tu dois te sentir seule non ? parce que tu bouges à chaque fois SEULE en fait ?? » Et toi ? Tu arrives à voyager sans ton mec ? Elle me juge alors qu’elle voyage trois mois dans l’Amérique du Sud, sans parler espagnol, sans rencontrer des locaux et en lavant ses culottes à la main tous les jours ! Moi au moins j’ai une machine à laver (pas pratique pour voyager avec, certes), mais ça sert autant qu’un mec en vrai ! Elle rencontre toujours plein de gens qu’elle me dit… Oui, des Européens en sac à dos à qui tu dis toujours la même chose et que tu ne reverras jamais de ta vie. Je l’ai même vu mépriser le groupe de touristes arrivé aujourd’hui, et pour cause : ils avaient des valises à roulettes !! ça veut dire que ce n’est pas des backpackers (voyage en sac à dos) donc ils sont grave basiques ! ça fout la pression de voyager quand même…et moi qui voulais être ouverte et tolérante…oups ! Il est enfin 22h et je vais me coucher, décidant que je m’étais assez ridiculisée pour la journée.

Le lendemain est un jour triste, l’homme de ma vie s’en va. Je me lève une dernière fois très tôt pour faire l’activité de 6h30 et pouvoir le regarder. Je suis une malade mentale, help ! C’est à cause du guide ça, il nous a dit que chaque nuit les singes-clowns dormaient par deux, enlaçant leur âme sœur. Franchement, je ne veux pas être jalouse de singes-clowns mais je vous avoue que ça me dérange un peu que des primates aient une meilleure vie sentimentale que la mienne !! Ceci dit, ils sont sûrement plus intelligents que moi vu que je n’ai toujours pas réussi à déclarer ma flamme… au moins maintenant, je sais son prénom. Cool, je lui ferai un poème.

Après son départ, on va visiter une communauté locale. Encore un truc de Blancs. Est-ce que ça existe en Europe une activité pour que des petits Equatoriens viennent chez des gens pendant 2h pour apprendre à faire des crêpes, voir qu’ils n’ont pas la télé et payer un bracelet en crotte de lapin séchée fait par la cousine de l’hôte, en disant « regarde ils sont pauvres mais ils sont heureux ! » ???? Je me dégoute mais bon, je vous avoue que j’ai bien aimé apprendre à faire les crêpes de « yuca », et j’ai bien acheté des petits bracelets en graines de je-sais-pas-quoi pour faire plaisir à la commu’… la partie où on rentre dans le jardin des gens pour voir comment ils vivent, moins fan. Le soir, on retourne à la lagune et je vous jure on voit des dauphins !!! Ma pote m’avait dit qu’il y avait des dauphins roses, je pensais qu’elle avait encore pris un space cake…mais non ! Je les vois de mes yeux. Par contre, ils ne sont pas roses mais apparemment, ils changent de couleur. Je n’ai pas retenu pourquoi, je crois que c’est quand ils mangent des Tucs au bacon… Haha.

Ensuite, on a vu 3 caïmans, un autre paresseux et après avoir fixé un bout de bois pendant 15 minutes, on m’a dit que le serpent était sur la branche à côté. C’était fun.

Quatrième et dernier jour. Je n’ai plus de raison de me lever si tôt le matin. Je m’octroie même un peu de repos en esquivant toutes les activités jusqu’au déjeuner. C’est sympa de marcher dans la forêt mais je préfère rêvasser dans le hamac moi. Je lis, je dessine, j’écris, et je me retiens de dormir pour être fatiguée pour dormir tôt ce soir. Je me fais vraiment des défis de foufou ! Les autres jeunes sont partis, je reste donc avec une famille d’Allemands et le guide. On finit le séjour et il me pose des questions existentielles, du genre :

« Si tu pouvais être un animal tu serais quoi ?!

– une tortue !

– oh berk ! elles font caca toute la journée !

– ah bon ?!! alors, un papillon !

– mais tu vas vivre que trois jours !

– oh noooon !! ah non ! je sais ! un jaguar !

– pour te faire bouffer par un anaconda quand tu vas boire à la rivière ?! pas ouf !

– bin tu sais quoi ?! un paresseux !!

– ah ouais ! c’est vrai que tu leur ressembles vachement ! »

C’est comme ça que je termine mes supers vacances : avec une prise de conscience sur ma ressemblance avec les paresseux. Ils dorment en couple eux au moins ?!!