Dernière semaine à Bordeaux avec les 23 morveux. Va-t’on s’en sortir ? Je propose de lancer une nouvelle compétition genre « danse avec les stars » sauf qu’il n’y a pas de danse, et il n’y a pas de stars, et le but consiste à noter les prestations de mes étudiants pendant leur séjour chaotique. Vous êtes les jurys et vous donnez la note de 10/10 à votre Jean ou votre Marie préféré, qui vous aura le plus amusé. La personne qui obtient la moins bonne note, elle ne rentre pas en Equateur !! Imaginez, on aurait fait ça pendant le voyage, ça aurait pimenté votre été non ?!
Bref, ça y est, on est en août ! Quoi de neuf ?! J’ai changé de famille d’accueil parce que mes petits cathos partaient en vacances dans leur maison de campagne. Désolée du dérangement. Je suis donc allée dans une famille pas très loin de chez eux, et quelle surprise, la femme est espagnole ! Je continue donc mon voyage linguistique puisqu’ils ont invité des amis qui ne parlent pas français. Il est donc temps de mettre mes compétences linguistiques au profit de ma vie sociale en dehors de l’Equateur, pour voir si des Espagnols peuvent également me comprendre. Ils me comprennent mais se foutent bien de mon accent. Et pour cause, l’accent équatorien et les expressions sont assez particulières…à un moment, je parle et ils éclatent de rire. Je leur demande ce que j’ai dit, et ils me répondent « ahorita ». Je réfléchis. Le suffixe « ita » ou « ito » au masculin, est utilisé pour dire comme en français « petit ». Par exemple, pour dire « petite girafe », on dirait « jirafita ». Or, « ahora » veut dire « maintenant », donc si on suit la logique du suffixe, « ahorita » veut dire « petit maintenant ». Pourquoi on dit ça ? à quoi ça sert ? Aucune idée. J’apprendrais donc à mes dépens que l’espagnol équatorien n’est pas le même partout.
Cette semaine, les étudiants vont faire une initiation au surf. Les jeunes sont ravis, ça leur change des musées. Cela se passe dans un café où il fait hyper chaud, je reste près du bord pour prendre des photos et vérifier que personne ne se blesse. Enfin, ce n’est pas comme si ma présence leur permettait d’être invincible, la preuve : après 30 minutes de surf, Jean-Edouardo se prend une planche de surf dans le pied et se retourne l’ongle du gros orteil. Perso, ça m’est arrivé plein de fois, mais vraiment les ongles qui se retournent c’est comme les enfants, tu supportes que les tiens. Le pire c’est que le gars ne sent rien, il est juste blasé de ne plus pouvoir faire l’activité. Il demande même s’il pourra faire du karting à la place. Ils sont futés ces jeunes !! Mais non, la seule activité qu’il peut faire c’est aller à SOS Médecins. J’aime bien les après-midis libres, on fait toujours plein d’activités funs avec mon collègue. Soit on va à la pharmacie faire des tests antigéniques, soit on va voir des médecins pour des ongles blessés. Je vous rappelle que c’est le deuxième que je vois en quatre jours, à partir de combien on peut parler de collections ? Je suis sympa, je vous épargnerais les photos de ma collection.
Mercredi, ils ont encore une après-midi libre, c’est la 6eme depuis le début et je crois qu’ils en ont marre. Ils ont fait trop de shopping, ils n’ont plus de thunes et ils ont refusé jusqu’alors toutes nos propositions de faire des activités ensemble. Ce qu’ils veulent faire ce jour-là, c’est aller visiter des universités !! Improbable. Ils kiffent tellement Bordeaux qu’ils veulent y rester pour toujours. Soit. Le problème, c’est que c’est les vacances scolaires et que tout est fermé. Plan B : on ose leur proposer une chasse au trésor. Etonnamment, ils acceptent. Je passe donc la nuit à préparer cette stupide chasse au trésor en les entendant déjà râler que c’est nul. Aurais-je peur de mes enfants ? Oui, assurément. Cependant, cela se passe super bien ! Par groupes, on leur donne des missions dans la ville et le premier à avoir rempli toutes les missions a gagné. C’est surement la meilleure après-midi qu’on passe avec mon collègue, puisqu’on est assis à manger une glace et tout ce qu’on a à faire c’est leur envoyer des audios pour leur dire ce qu’ils doivent faire, par exemple ; acheter un canelé, faire un tour de manège, envoyer une carte postale à notre cheffe (on en profite pour se faire bien voir), demander le prix du petit train, etc. On leur donne aussi des missions photos comme se prendre en photos devant un monument historique, avec un monsieur avec un chapeau, avec des gens de leur âge… et même faire une vidéo en dansant dans la rue. C’est comme ça que je me retrouve avec 3 vidéos d’ados qui dansent la Macarena dans les rues de Bordeaux. Fun ! Bon, y’a aussi des loupés…par exemple, Jean-Paulo devait ramener la brochure d’un cinéma, à la place il m’a ramené le menu d’un restaurant. Oups ! Ah oui, j’ai oublié de vous dire, une des missions était aussi d’aller chercher un bouquin sur l’Equateur à la Fnac. Bien évidemment, je suis allée à la Fnac pour vérifier avant s’il y en avait, bin y’a un gars qui en a profité pour me draguer…les Français sont chauds hein !! Ça drague même à la Fnac au rayon livres touristiques, ok !
Revenons à nos chérubins. Vu comme ils se sont bien amusés et ont été cools cette aprèm, on leur propose de les emmener au bar tous ensemble ce soir. On est des oufs nous. Bien évidemment, ils sont tout contents, se pomponnent comme si c’était le jour de la boum du voyage scolaire et semblent passer une soirée agréable pendant que mon collègue et moi buvons des bières sur le compte de notre taf. Bin quoi, c’est du boulot non ?!! Y’a Jean-Paulo qui nous demande s’il peut sortir avec Marie-Jeanne jusqu’à 4h du matin ! Oui, bien sûr, tu peux même aller dormir chez elle si tu veux ! Quel culot ce mec !! Je lui mets 10 ce soir. Prestation sublime. Les autres veulent tous rentrer plus tôt. C’est louche. Est-ce qu’ils ne seraient pas en train de se faire la malle dans un autre bar où on n’est pas là pour les surveiller ? On devient paranos et on leur demande leur localisation en direct. Ah non, ils rentrent chez eux. Que sont-ils devenus ??
Le lendemain, on va visiter le Grand-Théâtre. L’Espagnole s’est de nouveau incrustée à notre groupe, comme à Arcachon, à la chasse au trésor, etc. Elle est grave amoureuse dis donc. C’est con Jean-Louis est déjà passé à autre chose. Mon collègue me dit qu’elle veut venir à Paris avec nous. C’est une blague ? Bin non !
On règlera ça plus tard… Vendredi 5 août, dernier week-end avant Paris. On veut marquer le coup en proposant un apéro pique-nique dans un parc avec tout le monde. On passe l’après-midi à chauffer des pizzas alors qu’il fait 40 degrés dehors mais comme vous le savez déjà, on est des gens travailleurs et dévoués. L’ambiance semble détendue, trop détendue même. C’est louche. Le plan était d’aller ensuite dans un bar pour danser mais, – on ne sait pas ce qu’il s’est passé dans l’espace-temps – la moitié des jeunes est bourré à 23h !! J’avais pourtant contrôlé le nombre de bières par personne mais il semblerait qu’ils nous aient pris pour des lapins de 6 semaines et aient bu de la vodka dans notre dos. Super !!! Les envies de vomi se répandent aussi vite que l’épidémie COVID : je dois ramener les filles bourrées, mon collègue s’occupe des garçons. Il est minuit, c’est mon anniversaire, et la première chose que je vois pour l’occasion c’est Marie-Joëlle qui vomit. Chouette. Après, mon collègue m’appelle. Jean-Pedro est si bourré que tous les Uber le refusent ! Et, il habite à 1h à pied de Bordeaux. Choueeeeeette. Je viens donc à sa rescousse pour faire vomir toutes les tripes de Jean-Pedro avant de prendre l’ultime Uber. Ouf, il s’endort dedans. Sa famille d’accueil va nous tuer, la directrice des cours aussi, bref, tout le monde ! Je suis tellement blasée que j’ai envie d’utiliser cette expression : « quel calvaire » ! Hahaha, à voix haute, c’est très chelou. Et bin 0 le Jean-Pedro sur sa presta du jour ! Nul !!
Laissez-moi donc vous raconter ma fabuleuse journée d’anniversaire. Nous avons fait une excursion à Saint Emilion. Je n’avais dormi que 2 heures, j’étais donc de très mauvaise humeur. Les gamins avaient tous la gueule de bois (une a continué à vomir pour le petit-déj) et ne supportaient donc plus la chaleur, les visites guidées, bref, rien. Y’en a 6 sur 23 qui m’ont souhaité mon anniversaire et j’ai pleuré dans les toilettes du restau parce que je n’en pouvais plus. Mais, à 31 ans soyons positifs ! Le soir, en rentrant dans ma famille d’accueil, ils m’avaient acheté un gâteau au chocolat et ils m’ont offert du foie gras en cadeau. Je n’ai jamais été autant contente qu’on ait torturé des oies pour me faire plaisir.
Dimanche 7 août, c’est l’heure de partir à Paris. J’ai une angoisse extrême de cette semaine parce qu’ils ne seront plus dans des familles d’accueil et qu’ils n’auront plus cours. On va tous vivre ensemble dans le même hôtel et faire des activités du matin jusqu’au soir. CHOUETTE !! Le calvaire (j’aime bien ce mot finalement) commence dans le train : imaginez 25 personnes dans un wagon avec chacune entre une et trois valises. Est-ce que vous avez déjà vu l’espace bagages dans les trains ? Voilà. Donc on se fait engueuler par les agents de la SNCF parce qu’on est trop chargés et qu’on bouche tout le passage, et mon collègue et moi avons dû passer tout le trajet debout. En plus, y’a l’Espagnole qui s’est incrustée d’une manière terriblement audacieuse, elle est dans notre wagon, elle est dans notre bus, et elle va même dans notre hôtel. Je me demande même si elle n’est pas en train de faire son visa pour l’Equateur ! Après une arrivée à Paris périlleuse, on s’installe enfin dans notre hôtel et tout le monde est content, sauf ceux qui ne voulaient pas être avec Machin dans leur chambre. La flemme de gérer ça, on les emmène marcher des heures dans Paris pour qu’ils soient bien crevés et aillent se coucher tôt. Ça ne marche pas, les jeunes sont increvables. Mais Paris, ce n’est pas Bordeaux et ils ont bien conscience qu’ils ne pourront pas s’échapper comme ça ! On a un atout avec nous : le métro. Et ils ont peur du métro. MOUAHAHAHA !!
On commence la semaine avec une croisière sur la Seine. A leur place, je serais carrément émerveillée. On demande à Marie-bête ce qu’elle a pensé de la visite et elle répond : « je ne sais pas, j’ai dormi ! » Ah mon Dieu, ils nous les feront toutes !! Il nous manque une personne, Marie-Claire, et elle ne répond pas aux messages. Ses potes nous disent qu’elle ne viendra pas parce qu’elle a passé la nuit avec son date Tinder. Ok, c’est gentil de nous prévenir… on nous prend vraiment pour des quenelles ! L’aprèm, c’est visite à pied de Montmartre. Je passe mon temps à attendre Jean-Jean qui se perd dès qu’il voit une feuille, une tour Eiffel en porte-clés, un caillou… je fais le double de kilomètres à cause de lui.
A un moment, il vient me voir « Sarah, j’ai vu une souris ! ». Cool. Il avait l’air plus content que quand il a vu la tour Eiffel. On marche on marche et puis il s’arrête et me demande « Sarah, je peux aller prendre une photo de la souris ! – ok, mais dépêche-toi ! ». Il revient 2 minutes plus tard… « Sarah, quelqu’un a écrasé la souris ! ». Ratatouille est mort. J’ai vu de la tristesse dans ses yeux.
Les autres jours passent et se ressemblent… des selfies, de la chaleur, des visites guidées de l’opéra Garnier, du musée d’Orsay, du château de Versailles, du musée du Louvre… Moi qui regarde juste que Jean-jean ne se perde pas. Une fois, j’ai failli. On était tous dans le bus, prêts pour partir pour Versailles, et on les compte : 20…21…22. « Il nous en manque un ! – Re-compte ! – Il nous en manque un je te dis ! – C’est qui ?!!… – JEAN-JEAN !! » Je l’appelle : « tu es où ? – aux toilettes Sarah ! » Put….. !!! Comme le bus est garé loin, je cours le chercher. Il me voit…et me saute dans les bras. Cet article aurait pu s’appeler « crise d’angoisse aux toilettes ».
Un jour, le bus est pris dans les bouchons et ne peut pas venir nous chercher, on se retrouve à commander des Uber pour la moitié du groupe. Franchement, j’espère que j’aurais une carte de fidélité chez Uber France.
Au début de la visite guidée du Musée du Louvre, on visite les fondations, c’est-à-dire des anciennes tours. Je ne sais pas comment ces éléments historiques ont énervé Marie-Françoise, qui a décidé de faire chemin seule. Son excuse : « je n’ai pas payé 6000 dollars pour voir de la pierre ! » D’accoooooord.
Le soir, les jeunes qui s’ennuient, on s’en fout, ils n’ont pas le droit de sortir depuis l’épisode vomis à gogo. A 1h du matin, je crois dormir, on me réveille. C’est Jean-Eduardo qui m’appelle : « ça va ? – oui. – tu veux quoi ? – non rien ». Super. Le lendemain, j’apprendrais qu’il jouait à Action ou Vérité et que son défi c’était de m’appeler. J’adore mon taf.
On passe une journée au Parc Astérix. C’est génial ! Y’en a plein qui n’ont pas voulu venir parce que ce n’était pas Disneyland Paris donc forcément ça ne valait pas le coup, du coup avec mon collègue on a essayé de revendre 6 places pour se faire un peu de fric sur ce séjour…mais franchement les gens ils sont méfiants hein ! Ils ont cru qu’on les mitonnait ou je ne sais pas quoi, mais en tout cas on a réussi à en revendre…aucune. Des piètres vendeurs. On dit aux gosses de se répartir en groupes et qu’on les retrouvera le soir dans le bus. Meilleure journée. Sauf pour l’épisode où Jean-Jean me dit qu’il n’a pas assez mangé parce qu’il a dépensé toutes ses thunes pour jouer au jeu de la carabine afin de gagner un immense nounours pour son petit frère. Et il a perdu. Ça aurait été drôle de le voir passer les portiques de sécurité de l’aéroport avec ça. En plus, il ne veut plus faire de manèges parce qu’il a été traumatisé par un manège à sensations, donc je me retrouve à l’accompagner à faire du bateau pour les gamins de 3 ans. On s’amuse bien.
Le soir, à l’heure où je dois passer contrôler qu’ils dorment, je ne trouve personne dans les chambres, personne dans l’hôtel. Panique à bord. Je les appelle : « Sarah, on est en bas, viens on fait un karaoké ». Ils ont réussi à avoir l’accès d’une salle de conférences pour faire un karaoké…ils sont trop mignons, ils chantent la Marseillaise pour me faire plaisir… « marchons, marchons… » bon ok, ils chantent que ça.
Jeudi, les jeunes s’étant bien comportés, mon collègue leur dit qu’ils auront droit de sortir le soir avec moi jusqu’à 2h. What ?!! On peut en parler avant ?? C’est sa soirée de libre donc je dois me débrouiller toute seule avec les gosses, en pleine nuit dans Paris. Merci de me demander mon avis !! J’étais censée sortir avec seulement les mineurs, mais les majeurs, entendant qu’une fiesta se prépare, décident de nous coller. Je décide de les emmener dans un bar à côté mais on se fait refouler parce qu’il y a des mineurs…mais ils s’en foutaient à Bordeaux ! On me dit dans l’oreillette qu’il faut donc oublier les bars…mais les jeunes ont envie de sortir !! Que faire ?! Jean-Paulo le romantique veut marcher dans Paris la nuit. Soit. Mais on est loin. Je prends donc un risque énorme : les emmener sur les quais où il y a souvent de la musique pour qu’ils dansent en plein air. Les majeurs pourront acheter des bières aux Pakistanais. Je me retrouve donc dans le métro avec 20 personnes égarées, je vais dans un endroit que je ne maitrise pas de ouf et dont je ne suis pas sure de l’ambiance, je suis donc en panique mentale intense mais je ne montre rien. On arrive enfin, il y a de la musique salsa, bachata,…ouf ! Les jeunes ne sont pas emballés mais quand la fête tourne en fiesta latino, ils sont tout contents et se mettent à danser comme des fous sur les quais. Trop bien ! Tournée de cocas pour tout le monde !! Les filles se font toutes draguer par des mecs chelous. Marie-France la prude me confie « Y’en a un qui m’a touché le bras ». Comment a-t’il pu ?? Les jeunes s’enjaillent mais je dois les confronter à la dure réalité : l’heure de fermeture du métro. Oh mon Dieu, j’avais oublié à quel point ils sont lents !!! On loupe la correspondance et on se retrouve à marcher 20 minutes jusqu’à l’hôtel. Ils ne se plaignent pas bizarrement, ça leur fait durer la nuit.
Vendredi matin, je suis encore seule avec les mineurs et les emmène aux Champs-Elysées. Je leur donne 2 heures libres de shopping avant de les retrouver à l’Arc de Triomphe. Personne ne veut supporter la compagnie de Jean-Jean, je passe donc la matinée avec lui et vérifie qu’il ne claque pas son argent dans des trucs bizarres. Jean-Louis me demande si le lendemain je peux passer la journée avec eux, parce que normalement c’est mon collègue mais il les stresse. Je lui réponds que c’est ma journée de libre demain et que je ne vais pas la sacrifier pour eux. Il me sort donc son super argument : « mais Sarah, être avec nous c’est pas du travail, tu fais du shopping avec Jean-Jean et tu nous attends. » Jean-Louis vient de perdre 1000 points sur mon échelle de chouchou. C’est vrai que si je n’avais rien à faire de mon temps libre, mon premier choix serait exactement ça : me taper Jean-Jean et les attentes indéfinies. J’adore poireauter. Je sais même dire poireau en anglais en plus.
Dernière soirée, dernier calvaire : les emmener à la Tour Eiffel, de nuit. On relâche la pression et on oublie le détail ultime : leur donner une heure et un point de rendez-vous pour se retrouver ensuite. Oups ! Du coup, je passe 45 minutes à parcourir le 2ème et 3ème étage de la tour Eiffel pour essayer de les rassembler. Y’en a qui pleurent d’émotions d’être sur la tour Eiffel. Je les engueule : « bougez-vous le cul ! le chauffeur du bus nous attend !! ». Y’a pas de romantisme qui soit !!
Bon. Ça y est. Il est l’heure de rentrer à Quito. On leur demande si ça leur a plu : « oui mais la nourriture me manque. Les Français mangent toujours la même chose au petit-déjeuner ». Je m’interloque : donc vous, en plus du déjeuner et du dîner, chaque matin vous vous demandez ce que vous devez cuisiner pour le petit-déj ! Quelle horreur. Et sinon les Français vous les trouvez comment ? « oh toutes jolies, Sarah, je suis tombé amoureux tous les jours ici ». Oui, bin l’Espagnole n’a pas eu sa chance malheureusement, d’ailleurs après nous avoir collé 3 jours à Paris elle est finalement rentrée chez elle. Heureusement, on lui a fait payer les activités où elle s’est incrustée, ça nous a remboursé nos Uber.
Moi je n’ai pas forcément hâte que ça de rentrer en Equateur, mais j’ai hâte de dormir et de ne plus voir leurs têtes au petit-déj. L’enregistrement à Paris se passe d’une lenteur absolue, et pour cause : une a acheté trop de pâtés et dépasse le nombre de kilos autorisés. Pour du pâté. Bref. Les valises sont finalement toutes prêtes à partir, celles de l’avion + celles que j’ai sous les yeux. Cette fois, on fait tous les vols ensemble et on fait une escale à Amsterdam. Y’en a qui en ont marre d’attendre tout le groupe et embarquent sans nous attendre !!! Ok !!! Vivement qu’on s’en débarrasse de ceux-là. A Amsterdam, la meuf qui a voulu embarquer avant tout le monde nous dit qu’elle a perdu son passeport. Oh, elle va le retrouver, c’est juste pour nous faire chier ! Regarde bien. Non ? non, mais regarde bien. Mais regarde bien, bien.
« Je l’ai oublié à Paris. »
Quoi ????
Il est 2h du matin à Quito, on appelle notre cheffe. « Une majeure a oublié son passeport et ne peut pas embarquer pour Quito, on fait quoi ? – bin ramenez les mineurs, elle est majeure, elle se débrouille. » Ok !!! Tous ses potes nous feront la gueule le reste du voyage : mais l’un de vous ne reste pas avec elle ? mais vous ne lui laissez pas d’argent ? mais elle va faire comment ? vous ne l’aidez même pas ?! ». Ecoute mec, elle a 40 ans, on a 8 mineurs à ramener à leurs parents, il nous reste 15 minutes pour embarquer à l’opposé de l’aéroport, donc ferme ta gueule et cours.
10 heures plus tard, on arrive à bon aéroport, une étudiante en moins. Elle rentrera 3 jours plus tard avec un passeport d’urgence. Avec mon collègue, on nous octroie deux jours de repos avant de retourner au bureau. Cela ne nous suffira pas pour nous remettre du syndrome post-traumatique du voyage.
« Alors c’était bien ce voyage ?
C’était…chouette ?! »
Non mais qui oublie son passeport dans le précédent aéroport en se disant que « ça va passer »… QUIIIIIIIII ?
J’ai pas vécu l’histoire mais j’ai envie de la frapper rien que de lire ça.
Je pense que tu mérites le prix nobel de la paix pour avoir géré cela sans tuer un être humain ou deux.
Elle a de la chance en effet que j’étais trop fatiguée pour m’énerver. Je mérite juste le prix Nobel de la fatigue haha !